Actu juridique

Bandeau général
19/03/2024

Condamnation solidaire : quand un assureur ne s'estime pas concerné

Lors d'un litige, de nombreux points de procédures et de formalisme nécessitent une vigilance accrue. Et l'un des plus importants est celui des délais de prescription. D'autant que parfois, il peut y avoir des incertitudes quant au délai applicable… Illustration…

Co-responsables, assureurs… S'y retrouver dans les différents délais de prescription

En 2001, un chantier d'extension d'un bâtiment public a nécessité l'intervention d'une société d'architecte et de 4 professionnels du bâtiment.

À l'issue du chantier, le département qui avait commandé ces travaux décide d'engager la responsabilité de tous les professionnels concernés pour plusieurs désordres concernant les travaux.

En 2010, le département obtient la condamnation solidaire de tous les professionnels à lui payer certaines sommes en guise d'indemnisation.

Entre 2013 et 2014, ne parvenant pas à s'entendre avec les autres parties condamnées solidairement pour partager la charge de ces indemnités, l'assureur de l'architecte règle directement l'ensemble des sommes dues au département.

Puis en 2016, cet assureur décide de saisir la justice pour demander aux assureurs des autres professionnels de régler leur part dans cette affaire.

« Trop tard ! », pour l'assureur de l'un des artisans. Il rappelle en effet que l'action d'un assuré contre son assureur concernant l'exécution de leur contrat se prescrit par 2 ans à compter de l'évènement qui lui donne naissance.

L'assureur de l'artisan s'estime donc hors de cause puisque l'action par laquelle son propre client pouvait lui demander d'intervenir est prescrite.

Mais peu importe pour l'assureur de l'architecte. Le fait que l'artisan ne puisse plus agir contre son assureur n'a pas d'importance. Selon lui, le délai de prescription qui doit s'appliquer entre les deux assureurs venant en représentation de leurs clients est le même que celui qui est applicable entre l'architecte et l'artisan, soit 5 ans à compter du premier paiement que l'assureur de l'architecte a fait au département.

Un raisonnement que valide le juge. Le fait que l'assureur ne puisse plus être inquiété par son client n'emporte aucune conséquence sur les recours auxquels il est exposé en sa qualité de représentant d'un co-responsable condamné solidairement.

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18/03/2024

Construction de logements : 10 mesures pour soutenir le secteur

Le secteur de la construction de logements connaît actuellement une crise importante. Pour tenter d'y remédier, le Gouvernement a annoncé une première série de 10 mesures. Revue de détails.

Construction de logements : le point sur les annonces du Gouvernement

Pour répondre à la crise qui frappe le secteur de la construction de logements, le Gouvernement vient d'annoncer 10 mesures.

Les 4 premières visent à accélérer et moderniser les procédures d'aménagement pour faciliter la production de logements neufs. Il est envisagé :

  • d'étendre les permis d'aménager multisites qui permettent à un porteur de projet de déposer un seul permis pour plusieurs sites d'aménagements ;
  • d'appliquer les règles d'urbanisme en zone d'aménagement concerté sur l'ensemble du périmètre du projet, et non lot par lot (cela existe déjà, mais le PLU pouvait, jusqu'à présent, prévoir le contraire) ;
  • d'accélérer l'obtention des permis de construire dans les zones d'aménagement : le titulaire du permis d'aménager pourra découper sa zone d'aménagement en tranches, obtenir une garantie d'achèvement pour chaque tranche et obtenir un permis de construire dès l'obtention de la garantie d'achèvement ;
  • de faciliter la densification en lotissement.

3 autres mesures tendent à accélérer la numérisation des autorisations d'urbanisme :

  • obligation pour les personnes morales et les professionnels de déposer les permis de construire par voie électronique dans les communes dont le nombre d'habitation est supérieur à 3 500 ;
  • dématérialisation d'un maximum d'échanges entre l'ensemble des acteurs de l'instruction d'une demande d'urbanisme ;
  • création d'un formulaire simple et adapté pour régulariser les autorisations d'urbanisme.

Les 3 dernières mesures portent sur :

  • la création d'un certificat de projet qui listera les procédures, les régimes et les décisions applicables au projet et contiendra un calendrier d'instruction de ces décisions ;
  • la diminution des délais entre l'autorisation et le dépôt du recours gracieux, ainsi que des délais de réponse de l'autorité compétente en cas de recours ;
  • l'identification des leviers permettant de statuer plus rapidement sur la recevabilité des recours en cas de refus de permis de construire en zone tendue.

Reste à savoir si ces annonces seront suivies d'effets…

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18/03/2024

RGPD : retour sur la notion de « donnée personnelle »

Le Règlement général sur la protection des données (RGPD) est entré en vigueur en 2018 et a mis en place un cadre visant à protéger de façon stricte les données à caractère personnel des européens. Mais un doute peut encore subsister sur ce qui constitue ou non une « donnée personnelle ». Illustration…

RGPD : rappel des bases

Lors de ses visites sur des sites internet, une personne peut rencontrer des publicités qui seront adaptées à ses habitudes et ses besoins.

Ces publicités que l'on qualifie de « ciblées » font l'objet, en arrière-plan, d'une enchère entre les annonceurs qui souhaitent acquérir cet espace publicitaire.

Mais avant que la publicité ciblée puisse être affichée, il est nécessaire que l'utilisateur ait donné son consentement au traitement de ses données personnelles pour une telle finalité.

C'est dans cette optique qu'une association belge a développé un outil permettant de recueillir le consentement des utilisateurs avant de compiler en une suite de caractères un code qui permet de savoir à quoi une personne consent ou non.

Cet outil, nommé le TC String (Transparency and Consent String) était ensuite mis à la disposition de courtiers en données et de plateformes publicitaires qui, en le combinant à l'adresse IP d'un utilisateur, pouvaient être informés sur son consentement.

L'association pensait ainsi avoir créé un outil conforme aux attentes du RGPD permettant de communiquer anonymement les préférences des internautes.

Mais ça n'est pas l'avis de l'autorité de contrôle belge qui a décidé d'interroger le juge européen.

Ce dernier va confirmer les doutes de l'autorité.

Il rappelle qu'est une donnée personnelle au sens du RGPD « toute information se rapportant à une personne physique identifiée ou identifiable ».

Pour lui, le TC String doit être considéré comme une donnée personnelle, puisqu'une fois rapproché de l'adresse IP d'une personne il permet d'établir un profil utilisateur qui n'est pas anonyme.

De ce fait, comme pour toute donnée personnelle, cette ligne de code ne peut pas s'échanger librement sans le consentement de la personne concernée.

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18/03/2024

Don de matériel médical : on en sait plus !

La loi anti-gaspillage de 2020 prévoit la possibilité pour certaines structures solidaires de récupérer gratuitement du matériel médical. Sauf que les règles encadrant ce dispositif n'étaient pas encore connues. Parce que c'est à présent chose faite, faisons le point !

L'économie solidaire à la conquête du matériel médical !

Si la loi anti-gaspillage autorise le don de matériel médical en vue d'un reconditionnement par les structures qui souhaitent s'en défaire, cela ne se fait pas n'importe comment. Ainsi, seules les structures suivantes peuvent donner du matériel :

  • les établissement de santé publics, privés d'intérêt collectif et privés ;
  • les établissements ou services accueillant des personnes âgées ;
  • les prestataires de service et les distributeurs de matériels destinés à favoriser le retour à domicile et l'autonomie des personnes malades ou présentant une incapacité ou un handicap ;
  • les officines de pharmacie ;
  • les personnes physiques ou morales se livrant au stockage de dispositifs médicaux et à leur distribution ou à leur exportation, à l'exclusion de la vente au public.

De la même manière, seules les associations et les structures de l'économie sociale et solidaire bénéficiant de l'agrément « entreprise solidaire d'utilité sociale » et dont au moins l'un des objets est de reconditionner ce matériel en développant des activités de préparation à la réutilisation et au réemploi peuvent recevoir ces dons.

Le matériel médical pouvant être donné est également limité. Il s'agit des instruments, équipements ou systèmes techniques adaptés ou spécialement conçus pour compenser une limitation d'activité rencontrée par une personne du fait de son handicap, y compris pour répondre à un besoin lié à l'exercice de la parentalité.

Notez que ces dons doivent respecter des conditions de traçabilité et que les équipements ayant fait l'objet d'une exclusion du marché ne peuvent être donnés.

De même, les structures récupérant ces matériels de seconde main auront l'obligation d'informer l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé de tout incident.

Enfin, retenez que ces dons devront être formalisés dans une convention dont les clauses obligatoires sont disponibles ici.

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15/03/2024

Inondations dans le Nord et le Pas-de-Calais : une aide revue et corrigée…

En raison des conséquences économiques des inondations intervenues dans le Nord et le Pas-de-Calais en novembre 2023 et en janvier 2024, une aide financière a été créée pour les entreprises les plus touchées. Cette aide vient d'être aménagée… À quel niveau ?

Inondations dans le Nord et le Pas-de-Calais : un plafond relevé !

Pour rappel, une aide financière exceptionnelle a été créée pour les entreprises impactées par les inondations intervenues dans le Nord et le Pas-de-Calais en novembre 2023 et en janvier 2024.

Peuvent notamment en bénéficier, toutes conditions remplies, les entreprises exerçant une activité de transport fluvial de fret en France.

Jusqu'à présent, pour ce type d'entreprise, le plafond de l'aide octroyée était fixé à 5 000 €.

Ce plafond, apprécié au niveau du groupe, vient d'être revu à la hausse et est désormais fixé à 20 000 €.

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14/03/2024

Distribution : une nouvelle limitation des promotions

En 2018, les règles relatives à la concurrence et à la libre fixation des prix ont connu un tempérament en ce qui concerne les promotions sur les produits alimentaires. Une limitation désormais étendue à d'autres catégories de produits. Lesquelles ?

Produits de grande consommation : les promotions encadrées

En 2018, la loi dite « Egalim » a instauré une limitation des promotions pouvant être appliquées sur les produits alimentaires par les distributeurs.

Ainsi, il n'est plus possible pour les distributeurs d'appliquer des promotions supérieures à 34 % sur les produits alimentaires.

Depuis le 1er mars 2024, cette règle s'applique également aux produits de parfumerie, d'hygiène et du rayon droguerie.

Pour rappel, cette règle est mise en place pour protéger les entreprises productrices de ces produits dans leurs rapports avec le secteur de la distribution et ainsi, garantir qu'elles puissent conserver un niveau de marges suffisant.

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13/03/2024

Origines des viandes : toujours plus de précisions

Depuis 2022, tous les établissements de restauration doivent informer leurs clients sur l'origine des viandes qui y sont cuisinées. Cette obligation se voit renforcée… De quelle façon ?

Du nouveau concernant les viandes transformées

L'importance de la traçabilité des aliments est de plus en plus prégnante, tant pour des raisons sanitaires qu'écologiques.

Alors que les obligations d'information des consommateurs se développent au fur et à mesure des années, un nouvel ajout est fait concernant l'origine des viandes proposées dans la restauration.

Jusque-là, seules les viandes cuisinées sur place devaient faire l'objet de cette information, mais depuis le 7 mars 2024, les viandes transformées sont également concernées.

Pour rappel, les informations à afficher sont les suivantes :

Produit

Mentions à indiquer

Lorsque la naissance, l'élevage et l'abattage de l'animal dont sont issues les viandes ont eu lieu dans le même pays

« Origine : (nom du pays) »

Viande bovine lorsque la naissance, l'élevage et l'abattage ont eu lieu dans des pays différents

« Né et élevé : (nom du pays de naissance et nom du ou des pays d'élevage) et abattu : (nom du pays d'abattage) »

Viande de porc, de mouton et de volaille lorsque la naissance, l'élevage et l'abattage ont eu lieu dans des pays différents

« Elevé : (nom du ou des pays d'élevage) et abattu : (nom du pays d'abattage) »

Les établissements concernés sont ceux qui proposent des repas à consommer sur place et / ou des plats à emporter ou livrer.

Les manquements à cette obligation d'information pourront être sanctionnés par des amendes pouvant aller jusqu'à 1 500 € pour une personne physique et 7 500 € pour une personne morale.

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12/03/2024

5 ans de RGPD : bilan économique

En 2018, le Règlement général sur la protection des données (RGPD) a posé en Europe un cadre exigeant concernant la protection des données à caractère personnel des européens. Se mettre en conformité avec ces exigences n'était pas chose aisée pour les entreprises. 5 ans après l'entrée en application du texte il est temps de dresser un bilan…

Responsables de traitement : combien coûte la conformité au RGPD ?

Adopté en 2016 et entré en application en 2018, le Règlement général sur la protection des données (RGPD) s'est imposé comme un texte majeur. Texte, à l'époque, le plus amendé par le Parlement européen, il a suscité beaucoup de discussions et d'inquiétudes.

De fait, il a mis en place un cadre imposant, précis et exigeant qui entraîne de nouvelles obligations pour les entités amenées à traiter des données à caractère personnel pour le bien de leur activité.

Un cadre qui a donc contraint de nombreux responsables de traitement à entreprendre un processus de mise en conformité.

5 ans après, la Commission nationale de l'informatique et des libertés (CNIL), autorité administrative de tutelle en la matière pour la France, a décidé de dresser un bilan des conséquences économiques de cette mise en conformité.

Une étude complète qui peut être consultée ici.

L'étude revient à la fois sur les conséquences économiques de la mise en place de la conformité et sur les conséquences commerciales des nouvelles manières de traiter la donnée.

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12/03/2024

Entreprises de transport : un téléservice pour vérifier les permis de conduire

Le système national des permis de conduire est accessible aux entreprises employant des conducteurs. De cette manière, elles pourront obtenir une attestation de vérification de permis de conduire pour leurs salariés. Focus.


Vérif Permis : un téléservice pour les entreprises

Pour rappel, le système national des permis de conduire centralise un certain nombre d'informations sur les titulaires de permis de conduire (identité, validité du permis, nombre de points, etc.).

Ces données ne sont accessibles qu'à une liste de personnes établie par la loi, principalement l'Agence nationale des titres sécurisés, les préfectures, les forces de l'ordre ou la justice.

À présent, plusieurs types d'entreprises pourront avoir accès, via le téléservice « Vérif Permis », à certaines données relatives aux permis de conduire de leur personnel. Sont concernées :

  • les entreprises de transport routier de marchandises, de déménagement ou de location de véhicules industriels avec conducteur destinés au transport de marchandises ;
  • les entreprises de transport de véhicules accidentés ou en panne entre le lieu de l'accident ou de la panne et celui de réparation ;
  • les entreprises de transport sur route de wagons de chemin de fer exécutés par des véhicules spécialement aménagés ;
  • La Poste ;
  • les entreprises de transport public de personnes, y compris avec mise à disposition d'une voiture, motocyclette, tricycle à moteur avec chauffeur ;
  • les taxis ;
  • les entreprises de transport routier sanitaire.

Seuls les personnels individuellement désignés et habilités de ces entreprises pourront se connecter au téléservice. Cela leur permettra d'obtenir une attestation de vérification de permis de conduire, sécurisée et datée, délivrée par voie électronique, comportant les informations suivantes :

  • l'identité du titulaire du permis de conduire qui fait l'objet de la consultation ;
  • le numéro de son permis de conduire ;
  • l'état de validité du permis de conduire ;
  • la validité de chacune des catégories du permis de conduire détenues ;
  • le cas échéant, les mentions additionnelles, dont la liste est disponible ici, fixant les conditions d'établissement, de délivrance et de validité du permis de conduire (prothèses auditives, lunettes, aménagements du véhicule, etc.)

Notez que l'accès à ces informations nécessite le paiement d'une redevance, dont le tarif varie en fonction de la taille de l'entreprise. Pour en savoir plus, rendez-vous ici.

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11/03/2024

Plan d'action contre les contrefaçons : version 2024-2026

Après un premier plan d'action contre les contrefaçons mis en place en 2021 qui a été couronné de succès, il convient de poursuivre la lutte contre ces pratiques qui restent trop présentes. Le Gouvernement dévoile la suite des évènements…

Lutte contre la contrefaçon : de très bons résultats qui appellent à poursuivre les efforts

La contrefaçon est une pratique qui porte préjudice à de nombreuses personnes : d'une part les professionnels, qui voient leur propriété intellectuelle bafouée et leur image potentiellement abimée et d'autre part les consommateurs qui peuvent se voir trompés et se retrouvent avec des produits de mauvaise qualité.

En 2021, face à l'ampleur du phénomène, le Gouvernement avait mis en place un plan national de lutte contre les contrefaçons. Un plan qui avait porté ses fruits, le nombre de produits contrefaits saisis par les services des douanes ayant plus que doublé.

Malgré tout, il est nécessaire de poursuivre les efforts.

C'est pourquoi un nouveau plan national est détaillé par le Gouvernement afin d'améliorer les résultats sur la période 2024-2026.

L'objectif sera donc de se concentrer sur l'identification des différents réseaux afin de les démanteler. À cet effet, l'Observatoire national des contrefaçons voit son rôle renforcé en prenant une place plus centrale dans l'ensemble des opérations de renseignements.

La douane va également chercher à établir une cartographie des « points chauds » dans le monde par lesquels les réseaux de contrefaçons transitent.

Cette identification permettra de réaliser des opérations « coup de poing », en coopération avec la communauté internationale, afin de porter atteinte de façon significative à l'organisation des réseaux de contrefaçons.

Enfin, les services de la douane vont également tourner leur attention vers les espaces numériques. Sans le savoir, les plateformes de vente en ligne peuvent apporter des moyens logistiques aux contrefacteurs. Il est donc important de les aider à identifier les vendeurs peu scrupuleux et à limiter leur présence sur ces plateformes.

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11/03/2024

Action en garantie des vices cachés : prescription ou forclusion ?

En cas de vices cachés sur un bien meuble, par exemple un tracteur, l'acheteur dispose d'un délai de 2 ans pour se retourner contre le vendeur. Mais ce délai peut-il être suspendu ? Ou bien continue-t-il de courir, peu importe les procédures engagées par l'acheteur ? Réponse du juge.

Prescription et forclusion : ressemblantes mais différentes !

Un homme achète un tracteur à une société. Quelque temps plus tard, le véhicule prend feu à cause, selon le propriétaire, de graves dysfonctionnements. Il se retourne donc contre la société et lui réclame une indemnisation au titre de la garantie des vices cachés.

« Trop tard ! », conteste la société : en matière de garantie des vices cachés, le délai pour agir est de 2 ans à partir de la découverte du défaut. Or le propriétaire a mis plus de 2 ans pour aller devant le juge…

« Dans les temps ! », se défend le propriétaire. Si plus de 2 ans se sont écoulés depuis l'incendie, ce n'est pas pour autant que le délai d'action est terminé. En effet, le propriétaire du tracteur a fait le nécessaire pour que le juge demande une expertise judiciaire. De cette manière, le délai de 2 ans a été suspendu…

Mais la société persiste à contester et oppose 2 notions juridiques : la forclusion et la prescription.

Pour rappel, la prescription est le délai durant lequel une action devant le juge doit être menée sous peine d'être irrecevable. Problème, la forclusion a le même effet : au bout d'un certain délai, il n'est plus possible de se prévaloir d'un droit.

Bien que très proches, il existe une différence très importante entre ces 2 notions : le délai de prescription peut être suspendu (c'est-à-dire qu'il peut arrêter de s'écouler pendant un certain temps) ou interrompu (c'est-à-dire repartir du début), ce qui n'est pas le cas avec le délai de forclusion.

Toute la question est donc de savoir si le délai de 2 ans applicable ici est un délai de prescription ou de forclusion…

« Prescription ! », tranche le juge en faveur du propriétaire du tracteur. Par conséquent, l'expertise judiciaire a bien suspendu le délai de 2 ans. La bataille judiciaire entre le vendeur et l'acquéreur du tracteur peut donc continuer !

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11/03/2024

Bail rural : payer ses fermages en fonction de ses récoltes ?

En matière de baux ruraux, on ne parle pas de loyers, mais de fermages. Ceux-ci suivent leur propre régime, qui peut notamment prévoir un paiement en denrées issues de l'exploitation calculé sur la base des récoltes. Mais dans quelles limites ?

Bail rural : comment calculer les fermages ?

Un bail à ferme est signé entre le propriétaire de parcelles agricoles et un exploitant. Ce bail prévoit que le bailleur sera rémunéré par « un fermage annuel égal à 1/5 de la récolte produite sur les parcelles louées ».

27 ans plus tard, par suite d'un désaccord sur le montant des fermages, le bailleur saisit le juge pour faire évaluer rétroactivement les montant des fermages sur les 5 dernières années.

Constatant un écart entre ce qu'il a perçu de son locataire et ce que représentait réellement 1/5 des récoltes, le bailleur demande à être indemnisé et à ce que le bail soit résilié.

Le locataire décide de contre-attaquer en faisant valoir que la clause initiale portant sur le calcul du fermage n'était pas légale. Pour lui, s'il est bien possible de faire fluctuer le montant du fermage en fonction des récoltes, il n'est pas possible d'utiliser simplement comme base du calcul une portion des récoltes.

Ce que confirme le juge, qui précise que pour faire fluctuer le montant des fermages, il faut néanmoins les encadrer dans des valeurs minimales et maximales qui sont déterminées par l'autorité administrative.

Ici, la clause ne prévoyant aucunes limites (haute ou basse), elle doit être considérée comme nulle.

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